[SIGNAUX FAIBLES ET MOINS FAIBLES]
Dans cet espace nous notons, mois après mois, ce qui nous semble être des signaux pertinents pour notre compréhension du monde.
JUILLET 2025
I 24.7. Pour la première fois depuis 1945, le nombre des décès dépasse celui des naissances en France.
A lire sur le sujet : Julien Damon Les batailles de la natalité / Maxime Sbaihi, Les balançoires vides
Sur le lien géopolitique / démographie : Jean-Joseph Boillot : une démographie repensée pour l’après-croissance
Sur le lien natalité / écologie : article de Youmatter.
I 23.7. Chine et écologie. Longtemps considéré comme le pays le plus polluant au monde, la Chine place désormais l’écologie au coeur de son projet politique de modernisation socialiste, alors que les USA n’ont de cesse de reculer sur le sujet.
« La notion de « civilisation écologique » apparaît pour la première fois dans les discours du Parti communiste chinois (PCC) sous la présidence de Hu Jintao, en 2007. ». « Aujourd’hui, la « civilisation écologique » fait partie intégrante du socle idéologique du régime chinois sous Xi Jinping. » The conversation
Cette approche chinoise interroge le rapport du politique et de l’éthique : l’intention est-elle nécessaire pour que l’action soit moralement bonne ? Qu’est ce qui importe le plus l’objectif réel ou les effets produits ? (Cf: Le Prince de Machiavel – Kant, « la volonté bonne » – ou Adam Smith, « La main invisible du marché » ).
A voir également sur le sujet : https://youtu.be/YlFFkl39nEI?si=6I9bdUVkoQtL4KZk
I 23.7. La pétition sur la loi Duplomb atteint des records.
La pétition s’opposant à la loi Duplomb atteint des niveaux de mobilisation inédits. Ce phénomène viral repose notamment sur l’activisme de figures médiatiques et militantes dont l’écho dépasse largement les cercles traditionnellement politisés, produisant un effet de caisse de résonance dans l’espace numérique. Parallèlement, le débat public cristallise des oppositions binaires entre des protagonistes médiatisés, à l’instar du face-à-face entre Hugo Clément et François-Xavier Bellamy. Ce clivage met en lumière l’absence d’un espace de dialogue structuré entre les différentes parties prenantes (monde agricole, associations environnementales, institutions européennes, scientifiques, consommateurs), chacun tenant une position partielle, voire partiale, de l’enjeu global.
Au-delà de cette dynamique conflictuelle, l’affaire révèle une difficulté plus structurelle : l’incapacité du débat public à intégrer la complexité des enjeux contemporains et à proposer des approches systémiques. La loi Duplomb se situe au croisement de plusieurs problématiques — précarité du monde agricole, impératifs de compétitivité, santé publique, durabilité écologique, souveraineté alimentaire — qui, au lieu d’être articulées dans une approche globale, font l’objet de lectures fragmentées et antagonistes. Aucun cadre de pensée partagé ne permet aujourd’hui d’embrasser l’ensemble de cette équation.
Ce déficit de doctrine cohérente dans l’espace public traduit une forme d’impuissance démocratique face à ce que certains nomment la « polycrise » : enchaînement et interaction de crises économiques, sociales, environnementales et politiques. Le débat se structure autour de récits simplificateurs, de clivages anciens (tels que capitalisme versus écologie), sans réelle tentative de construire une vision intégrée. Ainsi, les interventions de figures comme Hugo Clément ou les investigations de type Cash Investigation ne portent souvent qu’un fragment du problème, laissant dans l’ombre les arbitrages globaux à opérer pour une politique publique cohérente et soutenable.
La polarisation des débats publics sur des enjeux complexes, tels que ceux portés par la loi Duplomb, semblent en grande partie résulter d’un déficit d’outils conceptuels et institutionnels permettant de penser la complexité en démocratie. Autrement dit, l’impossibilité actuelle d’articuler efforts locaux et impératifs globaux, intérêts économiques et exigences environnementales, relève moins d’un désaccord sur les faits que d’un manque de cadre collectif pour en débattre de manière systémique.
I 16.7. On voit de plus en plus apparaître chez les spécialistes de l’écologie et de la transition, la notion « d’expérience de la nature » comme colonne vertébrale d’une véritable conscience écologique et d’une aptitude à appréhender le vivant dans sa diversité. (Signe notable = c’est la thématique 2026 des Prépas scientifiques). Cette injonction à rentrer en communion avec son environnement naturel peut être perçue de prime abord sous la focale de l’onirisme, voire d’une certaine fragilité psychologique. (« L‘écolo c’est ce doux rêveur soixante huitard un peu en marge ou ce cadre non-aligné devenu néo-rural en thérapie« )
Si sociologiquement des études sont conduites sur le sujet (notamment sur toute la mouvance urbaine mixant burn out / coaching / développement personnel / néo-ruralité) et sur la santé mentale de certaines groupes sociaux impactés par l’éco-anxiété, il est essentiel de ne pas passer à côté du propos : sa dimension métaphysique. Le capitalisme a réduit la nature au statut de matière et de moyen, en niant la dynamique ontologique de la relation de l’humain à la nature. Or un tel impensé ne se retrouve dans aucune autre civilisation, théologie ou cosmologie. Les premières écritures -peintures rupestres, hiéroglyphes, philosophie (Parmenide, Aristote, Platon..)- placent toutes la relation de l’homme à la nature au coeur de leur représentation de la Vie. A voir sur le sujet.
Sujet connexe : l’amnésie générationnelle ou amnésie environnementale.
I 14.7 Une parole performative à haute tension : autour de l’annonce budgétaire en matière de défense L’annonce présidentielle d’une accélération de l’augmentation du budget de la défense a été présentée comme un signal fort en réponse aux tensions stratégiques contemporaines. Toutefois, plusieurs observateurs spécialisés s’interrogent sur la réalité de sa mise en œuvre, pointant notamment la possibilité d’un redéploiement essentiellement comptable entre ministères, aux effets concrets limités sur les capacités opérationnelles à court terme.
Cette dissonance potentielle entre l’annonce politique et les évolutions effectives sur le terrain soulève une problématique plus large : celle des distorsions entre communication politique et principe de réalité. En effet, une annonce perçue comme ambitieuse, si elle n’est pas suivie d’effets tangibles dans un délai raisonnable, peut produire un effet paradoxal de découragement ou de désengagement au sein des publics concernés. Le sentiment d’avoir « déjà contribué » ou que « l’essentiel a été acté » peut précéder une véritable mobilisation des moyens, créant ainsi une forme d’inertie post-symbolique.
Dans un contexte marqué par une instabilité géopolitique croissante et des exigences accrues en matière de résilience stratégique, cette dynamique soulève une hypothèse : le recours excessif à des effets d’annonce non accompagnés de dispositifs explicites de suivi et d’évaluation pourrait affaiblir la capacité collective à s’inscrire dans un temps long d’adaptation et d’investissement. Il ne s’agit pas seulement d’un écart entre le discours et l’action, mais d’un enjeu de soutenabilité de la mobilisation dans la durée. La recherche d’une dynamique dite « antifragile » — capable de se renforcer dans l’épreuve — suppose à cet égard une communication plus modeste, ajustée, et structurée autour d’une transparence sur les contraintes et sur les étapes à venir, afin d’éviter les cycles de mobilisation et de démobilisation qui fragilisent les dynamiques collectives.
I Polycrise & besoin de transversalité profonde : on assiste à une nouvelle avancée de la « complexité » de notre monde, dans lequel m’enchevêtrent des crises interconnectées. Penser la complexité (la polycrise) va nécessiter de nouvelles matrices qui intègrent la transversalité et l’interconnexion.
Cf : Edgar Morin et l’idée de « crise de la complexité » : selon lui, notre époque est marquée par des crises systémiques, liées entre elles, qui appellent à penser de manière transversale.
Cf : plus récemment l’émergence d’une nouvelle discipline, l’impédimentologie
I BigTech x BigState : un nouvel ordre mondial sans frontières physiques et aussi instable qu’un marché. Les Big tech ne sont pas seulement un 5em pouvoir en soi ; ce qu’il y est important d’appréhender c’est la conjonction entre Big tech et big State : comment se joue la relation (cf : Musk / Trump) et comment elle se déjoue.
La spécialiste à suivre sur ce sujet : Asma Mhalla I Dernier post cf : le concept de technopolique.
I Discussion au sein du mouvement écologiste français autour de la notion de backlash. Malgré des reculs très nets (CSRD, Loi Duplomb, empreinte carbone croissante…), de plus en plus de militants réfutent l’existence de « backlashs » et surtout le font savoir.
Plusieurs facteurs, très différents selon les acteurs, peuvent expliquer cette tendance (et l’émergence d’un tel débat interne qui peut sembler surprenant et « contre-nature ») :
– le choix (conscient ou inconscient) d’entretenir un récit optimiste pour ne pas briser une dynamique (et produire de fait du backlash) ;
– des biais (notamment biais de disponibilité, effet de saillance, biais de confirmation, biais d’optimisme…) de la part de certains acteurs qui évoluent dans des microcosmes effectivement de plus en plus informés et actifs ;
– le choix d’indicateurs peu portés sur l’impact ou la régénération, mais plus sur les moyens ;
– et surtout le manque de stabilité du concept de backlash (sur quels indicateurs estiment-on que l’on a un « retour en arrière » ? Sur quelles échelles (géographiques, temporelles…) poser les indicateurs ? ).
JUIN 2025
I Une nouvelle limite planétaire est franchie… dans l’indifférence la plus totale. : Acidification des océans.
I Radicalisation du discours féministe qui devient véritablement une attaque contre les hommes.
Cf : Chanson Marguerite
« Et j’ai un ami mec, un vrai
Qui parle fort et qu’a des pecs
Qui s’compare devant l’miroir, qui fait le kéké dans les bars
C’est vrai qu’ils m’font marrer
Leurs p’tites douleurs, leurs grandes idées
Et leurs jambes écartées comme si on les avait pas remarqués assez
Et puis leurs sourcils froncés, toujours prêts à se bagarrer (Bagarrer, bagarrer)
Et qui s’empêchent de pleurer (De plеurer, de pleurеr)/
Chanson Rome de Solann.
I Backlash écologique croissant : CSRD en tête.
JANVIER 2025
I Apparition de plus en plus fréquente dans les médias du termes de « masculinisme » (Musk, série Adolescent). On assiste véritable un fossé homme/femme.
I Elections du président Trump, prise de conscience de la part de l’Europe de la nécessité de se réarmer, seuls. Montée en puissance (au moins politique) des BITD.
I Passage d’une Europe de la Défense à la défense de l’Europe.
I Prolifération de l’emploi du concept « entrisme »
I Retour de la dissuasion nucléaire et du militaire dans le discours politique plus populaire.